PALEOPATHOLOGY FRACTURES

FRACTURES OSSEUSES ET PALEOPATHOLOGIE

MAFART B.Y. (1991).Apport de l'étude des fractures osseuses pour la connaissances de populations anciennes. Actes des 5° journées anthropologiques, Dossiers de documentation archéologique n°14, C.N.R.S. édit, Paris, 41-56. Full text

La survenue d'une fracture osseuse est un évènement exceptionnel dans la vie d'un individu mais relativement fréquent à l'échelle d'une population. Il n'est donc pas étonnant de retrouver des cals osseux sur les squelettes des nécropoles préhistoriques ou médiévales. Des interprétations souvent excessives ont été proposées pour expliquer ces lésions (caractères belliqueux). Nous avons analysé, à la lumière des données épidémiologiques des populations modernes, le problème posé par les fractures dans les populations anciennes.

 EPIDEMIOLOGIE DES FRACTURES DANS LES POPULATIONS MODERNES

Dans ces populations à espérance de vie élevée, les hommes ont un risque fracturaire plus grand entre 20 et 50 ans puis aprés 70 ans. Les femmes, à l'inverse sont moins exposées à ces lésions à l'âge adulte mais voient considérablement augmenter ce risque aprés la ménopause soit environ 50 ans. 

L'examen des courbes de répartition par classe d'âge de 10 ans des différentes localisations des fractures permet de classer les fractures en quatre types. fractures de l'enfant, fractures ostéoporotiques, fractures de l'homme au travail, fractures de l'enfant et de la femme âgée.

ETUDE DES FRACTURES DANS LES POPULATIONS ANCIENNES

Nous avons proposé une méthode d'étude des fractures qui sera appliquée à cinq populations médiévales provençales et trois populations préhistoriques.

L'étude d'une fracture doit prendre en compte 7 paramètres : sexe du sujet, âge estimé lors du décès, localisation de la fracture, type de fracture, aspect radiographique de l'os environnant, arthrose des articulations voisines,  ostéoporose et autre pathologie du reste du squelette.

Au terme de cette analyse, les fractures peuvent être classée en 8 catégories: fractures de l'enfant, fractures de l'activité, fractures ostéoporotiques post-ménopausiques, fractures ostéoporotiques du vieillard, fractures consécutives à des blessures, fractures pathologiques, fractures de contexte indéterminé.

Etudes des fractures dans trois populations médiévales provençales

Nous avons étudié les fractures osseuses dans les nécropoles de Saint-Victor (V°-VI°s), Beaulieu sur mer (V°-VII°s) et la Gayole (XI°-XIII°s). Dans la nécropole de Beaulieu, trois fractures ont été retrouvées pour un total de 50 sujets (6 %). Les deux autres séries, Saint-Victor et La Gayole, ont un taux global de fractures comparable (10 % et 8%).

La classification selon les types de fractures montre une différence entre ces deux populations malgré le nombre réduit de lésions observées à La Gayole.

                                         

Fracture humérale                                                                              Fracture d’un métacarpien

 

 

                  

Fracture du tibia                                                                 Fracture ostéoporotique du bassin

Exemples de fractures dans les populations médiévales

Les fractures décrites à Saint-Victor sont essentiellement de deux types : liées à l'activité et post-ménopausiques. Les activités des habitants d'un ville et d'un port exposent à des traumatismes des mains et des pieds (ouvriers, marins, artisans). Malgré une espérance de vie d'environ de 30 ans dans cette population , certains individus pouvaient parvenir à un âge avancé et présenter des fractures ostéopototiques. La série de La Gayole se distingue de la précédente par l'absence de fractures de l'activité. Les conditions de vie rurales exposaient probablement moins aux contusions des mains et des pieds.

Etude des fractures dans deux  populations préhistoriques

L'hypogée de Loisy-en Brie et l'allée couverte de La Chaussée Tirancourt, datés du Néolithique ont été étudiés au plan paléopathologique par d’autres auteurs. Les fractures y sont décrites avec assez de précision pour pouvoir les classer et les comparer à celles de Saint-Victor . Les pièces de diagnostic incertains selon ces auteurs n'ont pas été retenues.

Un nombre important de fractures sont de type indéterminé. La conservation médiocre de certains os et le caractère collectif de ces sépultures expliquent la difficulté qu'il existe à analyser ces pièces souvent isolées et incomplètes. La comparaison des deux populations montre un différence nette, bien que non significative sur ces effectifs réduits, de distribution des types de fractures. A Loisy-en-Brie, les lésions concernent des enfants ou des adultes avec des fractures de l'activité alors qu'à la Chaussée-Tirancourt, ces fractures sont plus rares et les fractures ostéoporotiques plus nombreuses.

Comparaison entre les populations médiévales et préhistoriques

La plus grande différence porte sur l'importance des fractures de l'activité à St-Victor et ostéoporotiques dans les deux séries ce qui traduit probablement les différences de mode de vie et  une plus grande longévité au Moyen âge. L'absence de fractures de l'enfant doit être intégrée dans le problème de la représentation de ces classes d'âge dans les nécropoles étudiées.

 

CONCLUSION

L'étude des fractures conduit à une approche paléopathologique des conditions de vie des populations anciennes. Elle permet dès à présent de faire justice de la notion simpliste de fractures témoins de la violence dans la vie quotidienne des populations passées. Il ne faut cependant pas oublier le caractère multifactoriel des déterminants des fractures en particulier ostéoporotiques, obligeant à une grande prudence dans les interprétations.

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