SMALL POX EPIDEMY FRANCE HISTORY

LES DERNIERES EPIDEMIES DE VARIOLE EN FRANCE

MAFART B., LE CAMUS J.L., MEROUZE M., MATTON Th. (1999). Les dernières épidémies de variole en France. Semaine des Hôpitaux de Paris, 33-34, 1265-1268 FULL TEXT

La variole cessa d’être endémo-épidémique en France grâce à la loi de 1902 qui rendit obligatoire la vaccination par la vaccine des nouveaux-nés avec rappel à 3 ans et 20 ans pour les civils, tous les trois ans pour les militaires.

A partir de 1930, la variole était devenue une maladie exotique, sévissant à l’état endémique en Afrique et en Asie. La rareté des cas, le risque d’encéphalopathie post-vaccinale, de vaccine généralisée et les cicatrices cutanées disgracieuses, en faisaient cependant une vaccination peu populaire en France ce qui favorisa un relâchement de la discipline vaccinale en dehors des armées.

Des voyageurs venant du Maghreb et des militaires du corps expéditionnaire français en Indochine et au Cambodge, furent à l’origine de neuf résurgences épidémiques dont les plus graves surviendront à Marseille en 1952 et en Bretagne en 1954-1955 (tableau 1). Le déroulement et la gestion médico-administrative de ces épidémies sont démonstratifs des difficultés rencontrées face à une maladie résurgente à forte létalité.

 

Ville

année

origine

Nb total

décès

secondaires

 tertiaires

quaternaires

Paris

1942

?

60

3

-

-

-

Perpignan

1945

Maroc

2

0

1

-

-

Arras

1946

Maroc

8

0

2

5

-

Paris

1947

?

33

0

12

19

-

Calais

1947

Algérie

13

1

12

-

-

Paris

1948

Algérie

3

1

1

1

-

Marseille

1952

Indochine

42

4

15

22

-

Brunehomel

1952

Cambodge

30

0

6

16

7

Vannes et Brest

1954-1955

Indochine

95

20

21

-

-

Tableau 1.  Epidémiologie des dernières épidémies de variole en France

Les cas primaires ont toujours été diagnostiqués avec retard car confondus initialement avec des rougeoles (Marseille) ou des varicelles (Perpignan, 1945, Arras, 1945, Paris, 1947 et 1948). La difficulté diagnostique était réelle et aggravée par le manque d’expérience personnelle de la maladie de cette génération de médecin et parfois l’incrédulité face à une maladie considéré comme disparue.

La fréquence des cas secondaires résultait de ce retard, favorisant la contamination d’autres malades, du personnel et des familles mais aussi de l’extrême contagiosité de la variole. Des contaminations directes (squames, sécrétions) et indirectes (linges, instruments médicaux, systèmes de chauffage) ont été observés. Les cas tertiaires et quaternaires ont été observés dans 7 épidémies et témoignent du retard pris à la mise en place des mesures  prophylactiques.

La létalité globale est 9,8% mais varie de 0 à 21% selon les épidémies. Il n’existe pas de décompte précis par tranche d’âge mais les rapports médicaux insistent sur le risque majoré en l’absence de vaccination récente, aux deux extrêmes de la vie et en cas de pathologie associée.

Les administrations ont toujours répugné initialement à promulguer des mesures collectives coercitives alors que secondairement elles les imposeront avec une force souvent excessive, réponse politique autant que sanitaire face à une population inquiète. Les mesures prophylactiques mises en place pour limiter les épidémies étaient cependant adaptées compte tenu de la difficulté de contrôler la dissémination d’un tel virus et plus que l’isolement des patients, la vaccination en était la pierre angulaire. Au total, au décours des épidémies de Marseille et de Bretagne, plus de 25 millions de  doses furent distribuées dans toute la France.

La surveillance clinique, l’isolement et la déclaration des cas suspects, certains et des sujets contacts furent toujours organisés avec une grande rigueur. Seuls 7 cas quaternaires ont été décrits, tous à Brunehomel confirmant la limitation rapide de ces poussées.

Le nombre total de cas pour ces 9 résurgences (295) et la mortalité minime (9,8%) sont sans commune mesure avec les craintes initiales, souvenir d’une maladie responsable de plus de 50.000 morts par an un siècle auparavant.

 

CONCLUSION

La « mort rouge » a frappé en France pour la dernière fois il y a quarante quatre ans.

Ces épidémies ont en commun :

-         un retard au diagnostic des cas primaires et donc à la mise en place des mesures prophylactiques à l’origine des cas de contaminations secondaires essentiellement hospitalières et familiales,

-         une létalité croissante avec le temps témoignant du relâchement de la discipline vaccinale, et de la gravité croissante en fonction du statut immunitaire,

une gestion moderne, bien que toujours tardive, de ces épidémies, avec isolement des malades et des contacts et  revaccination massive des populations.

La variole appartient depuis 1978 au passé des maladies infectieuses. Si une résurgence naturelle virus de la variole est théoriquement impossible, les effets d’un virus proche (orthopox virus) ou d'un acte de bioterrorisme dans nos populations désormais non-immunisées aurait des conséquences épidémiques potentiellement catastrophiques.  

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