Thèse
soutenue le 20 juin 2003 par M. Pascal Guichard
Directeurs
de thèse: Bertrand Mafart et Jean-Daniel Orthlieb
L'objectif de cette étude était d'effectuer une
recherche sur l'évolution de l'occlusion dentaire humaine. Par l'élaboration de deux techniques différentes,
l'une concernant les crânes entiers, l'autre les crânes partiellement endommagés, un modèle
réduit d'occlusion (M.R.O.) qui correspond au rapport des
arcades dentaires entre les différents piliers anatomiques que sont les premières molaires (M1) et les canines (C)
permanentes a été défini.
Les 6900 mesures réalisées sur 63 spécimens cranio-faciaux depuis Australopithecus
boisei OH5 (1 700 000 ans)
jusqu'aux populations médiévales et sub-actuelles (17ème siècle) du Sud Est de la France (Provence)
ont mis en évidence le rôle prédominant qu'exerce la face palatine
dans la mécanique occlusale et le rapport des différentes faces entre elles,
et ce, tout au long de l'évolution humaine.
Les différentes mesures privilégient l'angle canin
palatin droit antérieur, SA13, sur la largeur palatine comme mesure référente
pour l'évolution de l'occlusion. Parmi les piliers étudiés, il y a mise en évidence du rôle particulier que
pourrait détenir la dent canine (C). Celle-ci
serait plus révélatrice de l'évolution de l'occlusion, rôle habituellement détenu
par la première molaire (M1), chez
l'adulte.
Enfin, la mandibule, dont la rétromandibulie actuelle chez les jeunes
populations occidentales est évidente, a été démontrée comme face non représentative
concernant sa face occlusale, par rapport au maxillaire dans l'évolution de
notre modèle réduit d'occlusion.
Ces résultats confirment la prudence à observer
concernant l'évolution de l'occlusion. En effet, si nous
avons confirmé que la diminution du volume d'occlusion, s'inscrit dans la diminution
de l'appareil masticateur avec le temps; il apparaît que cette diminution s'effectuerait selon une évolution cyclique où il ne faut pas
confondre la cause représentée par la
face palatine et l'effet plus visible représenté par la réduction de la
mandibule. Cette réduction est associée à l'importance nouvelle des
Classes II d'Angle soit de la rétroclusion dans
une population actuelle de Provence.
Un concept évolutif de
l'occlusion est envisagé dans cette thèse permettant de définir à partir
d'une perspective dynamique de la biomécanique faciale comme "face
motrice", la face supérieure; "faces relais", les faces latérales permettant la transmission de
l'influence du rôle moteur de la face inférieure;
et "faces suivantes", les faces inférieure et antérieure, lesquelles
ne paraissent jouer qu'un rôle
adaptatif secondaire sans effet moteur notable.
Sur le plan
anthropologique, il y a confirmation d'une séparation effective des Grands
Singes par
rapport aux Hominidés, même si parmi les Pongidae, les Chimpanzés pourraient
être considérés comme nos plus proches
cousins.
La mesure de
l'aire totale d'occlusion, définie dans cette étude,
se révélerait
être un critère anthropologique performant pour différencier les différentes
espèces du genre Homo.
Ces différents résultats confrontée aux autres paramètres
occlusaux ou régionaux classiques, amènent à considérer une possible origine
génique ou épigénique de l'évolution de l'occlusion par rapport à une
approche fonctionnelle stricte et ce, sous l'effet moteur
de la face palatine. Cette entrée "primaire" associée à des
facteurs environnementaux secondaires correspond en
tous points, aux théories actuelles développées sur la croissance du crâne
en orthodontie.
GUICHARD P., ORTHLIEB J.D., MAFART
B. (2003) : L'occlusion dentaire chez les primates supérieurs. Application
d'un modèle réduit d'occlusion : la "matrice occlusale". L'Anthropologie
(Paris), 2003, 107,3, 315-331 .
GUICHARD P, MAFART B.
GUICHARD P., MAFART B., ORTHLIEB JD.
GUICHARD P., MAFART B., CHAUDET H.. Usure
dentaire et classification d’Angle chez les hominidés.
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