Cannibalism  ?

LES OCCUPATIONS HUMAINES DE LA GROTTE DE L’ADAOUSTE (JOUQUES, BOUCHES-DU-RHONE).

ONORATINI G., MAFART B., JORIS C., BARONI I. (1997). Les occupations humaines de la grotte de l’Adaouste (Jouques, Bouches-du-Rhône). Quaternaire, 8 (2-3), 175-187.

MAFART B., BARONI I.,  ONORATINI G.   Les occupations humaines de la grotte de l’Adaouste : cannibalisme ou rituel funéraire. British Archaeological Report S 1303, Archaeopress, Oxford, 289-294.   Full text  

La grotte de l’Adaouste s’ouvre sur la rive gauche de la Durance. Nous en avons étudié les restes anthropologiques des niveaux holocènes. Les restes humains sont présents dans deux niveaux, l’un daté du Néolithique ancien (Epicardial), l’autre du Néolithique moyen.

I LES RESTES HUMAINS DU NEOLITHIQUE ANCIEN (EPICARDIAL).

Une sépulture contenait les restes très altérés post mortem d’un individu sujet adulte relativement âgé. La gracilité générale du squelette est en faveur du sexe féminin. Les seules lésions paléopathologiques sont un discret liseré arthrosique sur des corps vertébraux cervicaux, une arthrose de l’extrémité interne de la clavicule droite.  Aucun ossements ne présentent de stries de décarnisation ;

II LES RESTES HUMAINS DU NEOLITHIQUE MOYEN.

Les restes humains ont été retrouvés associé avec des restes de faune. Ils comportent des fragments de mandibule, de maxillaire et une phalange de la main.

Les mandibules

- Mandibule fragmentée, sujet de sexe masculin subadulte (3° molaire en cours d’éruption). La branche montante gauche, intacte, présente à mi-hauteur plusieurs stries fines (au moins 3), infra-millimétriques, orientées de haut en bas et d’avant en arrière. Plusieurs stries fines suivent le bord supérieur de la pyramide mentonnière. 

- Hémi-mandibule gauche, sujet de sexe indéterminé, adulte (M3 en place), seules les trois molaires gauches sont conservées. La branche montante est striée sur son bord antérieur en deux endroits distants de 3 mm. La strie la plus basse est à hauteur du plan occlusal de la 3° molaire. Chaque trace est constituée par deux stries séparées par un espace de 0,3 mm. Une fine strie s’étendant vers l’avant sur 6 mm est visible sur la partie antérieure de la branche horizontale, en avant du trou mentonnier, situé à la verticale du contact entre la première et la deuxième prémolaire.

-Fragment de branches horizontale et montante droites, sujet de sexe indéterminé, adulte (M3 en place). Le bord antérieur de la branche montante présente une strie unique à hauteur du plan occlusal de la troisième molaire. Une autre strie est située sur le bord externe du gonion.

-Fragment de branches horizontale et montante gauches, sujet de sexe indéterminé, adulte (M3 en place ). Plusieurs stries sont nettement visibles dont une partie devait se continuer sur la portion manquante. A la différence des cas précédents, deux axes de striation sont observables. Le premier suit une direction rectiligne de haut en bas et d’avant en arrière, le second est légèrement curviligne concave vers le haut et recoupe les premières stries prés du tiers postérieur de la branche montante. Chaque trace est faite de plusieurs stries non parallèles.

Les maxillaires supérieurs

Cinq fragments de maxillaires ont été retrouvés et aucun ne présente de stries de décarnisation.

III SIGNIFICATION PALEO-ETHNOLOGIQUES DE CES TRACES

Les quatre fragments de mandibules présentent des stries situées en projection du corps des muscles masséters ou au niveau des insertions des muscles mentonniers. Cela implique une volonté de séparer la mandibule du crâne. En revanche, aucune strie n’est retrouvée sur les cinq fragments de maxillaire mais il n’existe pas de muscles aussi puissants que pour la mandibule à ce niveau.

La localisation de ces stries sur les branches montantes mandibulaires est habituelle lors qu’il y a eu décarnisation et a été observée dans de nombreux sites néolithiques. Elles sont en particulier comparables à celles décrites sur des crânes du Néolithique ancien de Fontbrégoua (Var) et rapportés à des pratiques de décharnement pour lesquelles une hypothèse de cannibalisme avait été proposée. Il est tout aussi possible qu’il s’agisse d’un rituel funéraire et la découverte dans le même niveau de bracelets d’archet brisés comme à Fontbrégoua qui est strictement contemporain renforce cette hypothèse.  

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