PALEOPATHOLOGY HARRIS LINES

 

PALEOPATHOLOGIE et STATUT NUTRITIONNEL DES POPULATIONS.

LES LIGNES DE HARRIS DU PREMIER METATARSIEN

MAFART B.Y. Intérêt et limite de quelques marqueurs osseux de la malnutrition au cours de la croissance. Actes des 4° journées anthropologiques, 1988, Dossiers de Documentation archéologique n°13, C.N.R.S. édit, Paris, 73-84. full text

La paléonutrition regroupe l'ensemble des informations relatives à la qualité et la quantité des apports alimentaires des populations du passé. Les disettes et famines qui pouvait frapper ces populations, comme les périodes d'abondance, n'ont aucune traduction archéologique à l'échelle de l'individu. Il est dès lors nécessaire d'envisager une autre source d'information:la paléopathologie.

Depuis le début du siècle, avec l'essort de la radiographie, l'existence de fines bandes radio-opaques perpendiculaires au fût diaphysaire a été associée à des antécédents de malnutrition ("zone d'amas de débris" puis "lignes de scorbut").La première étude systématique est due à Harris (1926) qui leur a laissé son nom : lignes de Harris.

I LES LIGNES DE HARRIS

La formation de lignes de Harris est un phénomène physiologique apparaissant dès la vie in utero et se continuant durant toute l'enfance, en dehors de tout contexte pathologique.

Les lignes de Harris apportent un éclairage indirect sur l'harmonie de la croissance osseuse qui est physiologiquement intermittente mais peut être anormalement interrompue en réponse à des agressions de natures très diverses (traumatisme, malnutrition, maladies).

Tout stress survenant au cours de la croissance peut provoquer la formation d'une ligne de Harris mais toutes les lignes de Harris ne témoignent pas d'un stress. Seules de grandes variations statistiques portant sur des échantillons comparables ( même os, sexe déterminé, âge connu ) peuvent être prises en considération.

L'interprétation des lignes de Harris restreinte aux seules carences alimentaires est simpliste mais il est vrai que la conjonction de la malnutrition et des maladies infantiles sévères par baisse des défenses immunitaires contribue à la survenue de retards staturo-pondéraux, à même de favoriser la formation de lignes de Harris.

II LES LIGNES DE HARRIS DU PREMIER METATARSIEN DE QUELQUES POPULATIONS PREHISTORIQUES ET MEDIEVALES PROVENCALES

 Le premier métatarsien présente plusieurs avantages pour l'étude des lignes de Harris en raison de sa robustesse, de sa petite taille et de l'existence d'une seule plaque métaphysaire. Le nombre maximal de lignes observées sur cet os a été de 11.

 Nous avons radiographié 264 métatarsiens provenant de 2 sites préhistoriques et de 4 sites médiévaux de Provence. Deux groupes de populations sont observées. Dans le premier, une proportion élevée de métatarsiens n'a aucune ligne de Harris et la répartition globale comprend une prédominance des os avec peu de lignes (Le Capitaine, St-Victor, Ganagobie).Le second, à l'inverse, a une moindre proportion d'os exempts de lignes radio-opaques et une répartition déviée vers les valeurs élevées de nombres de lignes de Harris (Boileau, Beaulieu, La Gayole).

 

Pourcentage de premiers métatarsiens exempts de lignes de Harris donc à croissance régulière

Pour certaines populations, ces différences recoupent d'autres données archéologiques, anthropologiques ou paléopathologiques qui vont dans le sens d'un niveau socio-économique et nutritionnel plus élevé dans le premier groupe (St-Victor) par rapport au second (La Gayole).

CONCLUSION

L'étude des lignes de Harris a donné lieu à de très nombreux travaux. Il est tentant d'attribuer un rôle de marqueur fidèle de la malnutrition et des stress à ces images radiologiques. Les travaux physiopathologiques ont pourtant amplement démontré leur caractère physiologique et leur variabilité individuelle pour laquelle les agressions ont un rôle difficile à préciser.

Ainsi, et avec les réserves précisées plus haut sur l'absence de signification évènementielle de ces marques de reprise de la croissance osseuse diaphysaire après un arrêt, les lignes de Harris sont un appoint non négligeable dans l'étude paléonutritionnelle des populations inhumées. Dans les populations étudiées, les différences observées peuvent contribuer à appréhender des différences de qualité de vie.

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